Les résultats de la campagne 2010/11
Lors de cette mission du 13 janvier au 17 mars 2011 (14ème année de recherches), trois axes de recherches ont été menés en parallèle : Premièrement, suite aux quatre sondages réalisés en 2010 sur le site de Sadia, situé dans la plaine du Séno au Mali, une fouille extensive de 130 m2 a été réalisée sur la butte principale, caractérisée par la présence de structures en briques d’argile crue liées à la dernière phase d’occupation du site. Nous avons également analysé sur place l’abondant matériel mis au jour. Deuxièmement, nous avons poursuivi les prospections et sondages dans la vallée voisine du Guringin et sur le bord du plateau la surplombant, dans le but de comprendre l’occupation chronologique et spatiale de cette région. Enfin, en collaboration avec l’Institut fondamental d’Afrique Noire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, nous avons mené une reconnaissance archéologique dans le Sénégal sud-oriental, dans les régions de Kédougou et de la moyenne vallée de la Falémé. Nous avons évalué le potentiel archéologique de cette zone pouvant permettre de compléter, à une latitude plus méridionale, le scénario du peuplement humain en lien avec l’évolution climato-environnementale élaboré précédemment à partir de nos recherches en Pays dogon. Dès 2012, nous concentrerons en effet nos recherches dans la vallée de la Falémé au Sénégal.
Ergebnisse der Kampagne 2009/10
La campagne 2009/2010 a essentiellement été consacrée au début des fouilles sur le tell pré-dogon de Sadia. Des sondages effectués sur quatre des cinq buttes composant le site nous ont permis de mettre en évidence une séquence stratigraphique de plus de cinq mètres de puissance, édifiée au cours de plusieurs grandes phases d’occupation. Si le cadre chrono-environnemental précis reste à établir, nous pouvons déjà proposer un premier scénario général pour l’histoire du site en quatre phases principales.
Sous le tell, des vestiges de la transition Néolithique-Âge du fer ont été découverts. Une sépulture d’enfant a également été fouillée dans les niveaux sableux situés à la base du tell. La première phase de construction du tell est ensuite visible grâce à l’apport de sédiments argileux grisâtres. Le contexte environnemental est plus humide qu’aujourd’hui, se caractérisant par des espèces d’arbres aujourd’hui disparues de la région (Parinari). Outre l’élevage des bovinés, des caprinés et des poulets, l’homme exploite également les ressources aquatiques, La chasse est aussi pratiquée. La culture du mil avoisine la culture des légumineuses. La cueillette de fruits et graines provenant de la végétation sauvage semble jouer un rôle non négligeable.
L’ensemble du mobilier archéologique apparaît comme très homogène tout au long de l’occupation du tell. Les objets en fer ou les déchets résultant de la métallurgie du fer indiquent la présence de ce métal dès le début de la phase II. La céramique se caractérise surtout par trois types de décors, dont les variations coïncidant avec des transitions stratigraphiques permettent de distinguer les phases II, III et IV. Les phases III et IV sont également caractérisées par la préparation et l’utilisation de colorants, ainsi que par divers types de perles en pierre évoquant des importations et un commerce à longue distance. Dès la phase IV, nous observons des constructions selon la technique des mottes de banco et des bâtiments de plan circulaire. La poterie, obtenue à l’aide du martelage sur forme concave, est alors fabriquée sur place, comme l’indique la présence de nombreux outils spécifiques à cette technique de montage. Enfin, une seconde sépulture d’enfant a été découverte dans les niveaux de la phase IV.
En l’état des connaissances, l’ensemble de la séquence est compris entre le 8ème et le 13ème siècle de notre ère, soit bien avant l’arrivée présumé des dogons. Parallèlement, les études archéologiques, ethnoarchéologiques, paléométallurgiques et environnementales menées dans la plaine du Séno contribuent à constituer un cadre interprétatif indispensable à la compréhension des découvertes faites à Sadia. L’approche actualiste des paysages, et l’étude de l’évolution récente de la relation Homme/Nature, permettront également de comprendre les grandes étapes des modifications paysagères régionales de la plaine du Séno.